Vertige positionnel

Sommaire

Une femme ayant une migraine 123RF / Theepatheep Kawinpathawee

Décrit pour la première fois par Adler en 1897, le vertige positionnel paroxystique bénin (VPPB) est resté mystérieux jusqu'en 1921 où Barany en posa les premières hypothèses. Ce n'est qu'en 1952 que Dix et Hallpike le définirent et décrivirent la manœuvre diagnostique de provocation.

Le VPPB est le plus fréquent des vertiges : environ 30 %. Il désigne différentes atteintes définies par le canal impliqué (postérieur, antérieur ou horizontal) et le mécanisme mis en cause.

Toutes les infos dans notre article.

Vertige positionnel : généralités

Rappels physiologiques

L'oreille comporte 3 parties (Société Internationale de réhabilitation vestibulaire) :

  • l'oreille externe en avant du tympan, avec le pavillon de l'oreille, le conduit auditif externe ;
  • l'oreille moyenne derrière le tympan avec les trois petits osselets : le marteau, l'enclume et l'étrier ;
  • l'oreille interne qui comporte des éléments rentrant dans la fonction de l'équilibre : le labyrinthe osseux, le péri-lymphe, le labyrinthe membraneux (constitué du vestibule et de la cochlée).

Le vestibule est mis en jeu lors d'un vertige positionnel. Il est caractérisé par 3 parties : l'utricule, la saccule, 3 canaux semi-circulaires (postérieur, antérieur et horizontal) perpendiculaires les uns par rapport aux autres.

Dans chaque canal circule un liquide : l'endolymphe. On retrouve également des cils et des cellules sensitives.

Définition du vertige positionnel paroxystique bénin

Le VPPB survient suite à un dysfonctionnement de l'oreille interne. Il apparaît suite à un changement de position ou à un mouvement brusque de la tête.

Le vertige de position correspond à la migration dans l'un des 3 canaux de petits cristaux de carbonate de calcium se trouvant initialement dans l'utricule.

C'est le vertige le plus fréquent (30 %) qui survient plus souvent chez les femmes (environ 60 % des cas).

Son incidence augmente avec l'âge à partir de 55 ans.

Il existe différentes formes de VPPB :

  • les formes bilatérales représentent 12 à 15 % des VPPB ;
  • les formes touchant le canal postérieur représentent 60 à 90 % ;
  • les formes touchant le canal horizontal représentent 5 à 30 % ;
  • les formes touchant le canal antérieur sont rares : 1 %.

De même, on estime à 20 % les formes post-traumatiques des vertiges positionnels paroxystiques bénins.

Bon à savoir : les otoconies (ou otolithes) libres peuvent migrer d'un canal à l'autre.

Liens du vertige positionnel avec d'autres pathologies

De plus, on a identifié différents liens probables avec : l'ostéoporose, l'ostéopénie, l'hypertension artérielle, l'hyperlipidémie.

VPPB : une bonne définition

Enfin, le nom de VPPB résume bien la pathologie :

  • vertige ;
  • positionnel : le vertige apparaît toujours dans une certaine position, du même côté ;
  • paroxystique : les vertiges sont intermittents, de courte durée. Ils augmentent exponentiellement jusqu'à un "paroxysme" avant de diminuer ;
  • bénin : il ne s'agit pas d'un trouble ORL ou d'un dysfonctionnement neurologique mais plutôt d'un problème "mécanique" qui trouve des solutions simples.

Bon à savoir : il faut garder à l'esprit que le VPPB peut également être le signe d'une pathologie plus grave : tumeurs infiltrantes du tronc cérébral, abcès de cervelet... Et qu'un geste thérapeutique trop appuyé peut également avoir des conséquences.

Vertige positionnel : causes et symptômes

Le vertige positionnel paroxystique bénin occasionne le plus souvent :

  • un vertige intense rotatoire lié à des mouvements de la tête ;
  • parfois des nausées et des vomissements.

Il est de courte durée et se reproduit à chaque fois que la personne reprend une certaine position.

Pour autant, son intensité diminue en cas de répétition du mouvement déclencheur.

Le VPPB est aujourd'hui bien décrit et incrimine une pathologie de l'un des canaux de l'oreille interne :

  • les otoconies de l'uticule (cristaux de carbonate de calcium recouvrant cette partie de l'oreille interne) se détachent.
  • Ils migrent dans le canal postérieur, horizontal ou antérieur.
  • Ils créent un mouvement de l'endolymphe ce qui perturbe le fonctionnement vestibulaire et déclenche la sensation de vertige.

Ce détachement peut être d'origine traumatique, viral, infectieuse ou dégénérative.

En médecine traditionnelle chinoise, on estime que ce sont des excès ou des vides énergétiques (notamment des reins, de la rate ou du foie) qui causent les vertiges. Dans cette optique, l'alimentation et le stress jouent un rôle important.

Vertige positionnel : diagnostic et traitement

Diagnostic

Le vertige positionnel paroxystique bénin se diagnostique facilement à la suite d'un entretien et d'un examen clinique.

Bon à savoir : l’interrogatoire est fondamental pour avoir une première orientation. Il s’agit en priorité d’obtenir une description des vertiges et des symptômes associés (anxiété, nausées, sueurs…), de déterminer la durée des sensations, les facteurs de risque et le mode de déclenchement (mouvement de tête, choc…).

En cas de VPPB, l'examen clinique du patient ne met rien de spécifique en évidence.

Il existe différentes informations que le médecin va recueillir :

  • pas de nystagmus (mouvement des yeux) spontané ;
  • la manœuvre de déclenchement du VPPB déclenche à la fois le vertige mais également un nystagmus intense.

Cette manœuvre et les résultats qui en découlent sont assez caractéristiques. Cependant, il arrive qu'elle soit négative, on peut alors répéter le test à distance.

Lorsque l'examen clinique permet de poser le diagnostic avec certitude, aucun autre examen n'est nécessaire. Si ce n'est pas le cas, on pourra continuer l'exploration par des examens d'imagerie (IRM, CT-scan) et/ou des examens ORL et neurologiques. Le défi pour le praticien consiste à distinguer un vertige positionnel paroxystique bénin, très fréquent, d’un vertige lié à une atteinte périphérique (maladie de Ménière, névrite vestibulaire…) ou centrale (accident vasculaire cérébelleux…), qui implique de réaliser une imagerie IRM en urgence.

La guérison survient spontanément en quelques jours à quelques semaines. Cependant, il faut consulter à la moindre sensation de vertige afin d'éliminer une cause plus grave et pour éviter une chute. De plus, on est souvent face à des récidives qui sont limitées par un traitement approprié.

Bon à savoir : attention un VPPB non traité récidivant sera moins bien guéri par les manœuvres libératoires.

Traitement

Le traitement consiste en une manœuvre dite « libératoire ». Il est efficace dans plus de 90 % des cas.

Ces manœuvres libératoires sont à effectuer par un professionnel. Exceptionnellement et sur la recommandation d'un médecin, soi-même à la maison : il s'agit dans ce cas de manœuvre d'habituation dans les cas où les mouvements libératoires ne fonctionnent pas. Elles consistent à mobiliser la tête du patient pour déplacer les fragments de carbonates de calcium et qu'ils reprennent une position normale. Elles sont à la fois traitement et partie du diagnostic.

Bon à savoir : attention la manœuvre libératoire amène souvent la guérison. Elle peut être répétée 1 ou 2 fois mais en aucun cas plus. Si le VPPB ne cède pas au bout de 2 ou 3 manœuvres, il faut remettre le diagnostic en question.

Différentes variantes de manœuvres libératoires

Il existe différentes variantes de manœuvres, avec chacune leurs particularités de mouvement. Elles sont fonction du canal incriminé et de l'oreille touchée :

  • la manœuvre de Sémont (canal postérieur) ;
  • la manœuvre d'Epley (canal postérieur) ;
  • de Lempert, dite aussi de « barbecue » (canal horizontal)...

On pourra également prescrire des médicaments pour aider à supporter les nausées.

Option chirurgicale

Lorsque le VPPB persiste plus de 6 mois, malgré plusieurs manoeuvres libératoires, il existe 2 options chirurgicales envisageables : une neurectomie singulaire ou une occlusion du canal semi-circulaire.

Vertige positionnel : conclusion

Le VPPB est une cause fréquente de vertige. Son diagnostic est clinique pour déterminer quel canal est incriminé. On pourra alors effectuer la manœuvre libératoire la plus adaptée.

Dans 90 % des cas, cela suffit à la guérison. Si ce n'est pas le cas, après s'être assuré qu'il ne s'agit pas d'une lésion neurologique ou d'une autre pathologie, on peut se tourner vers une option chirurgicale.

Pour aller plus loin :

Ces pros peuvent vous aider